Retrouvez ci-dessous l’interview de Eddie Jacquemard, Président national de la CNL à l’occasion du congrès de l’USH qui s’est tenu à Montpellier fin septembre. 

84e congrès des HLM à Montpellier : « On va demander à la nouvelle
ministre du Logement qu’elle jette la loi de son prédécesseur à la
poubelle »
Publié le 24/09/2024 à 08:01
FLORENCE GUILHEM
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À la veille de l’ouverture du congrès national HLM, à Montpellier, la
Confédération du logement faisait un point sur la situation du logement des
locataires.
« On est dans une crise majeure du logement HLM. 2,5 millions de personnes sont en
attente d’un logement social en France, 2 000 enfants dorment dans la rue dans un
pays du G7. Avec la nomination, ce week-end, d’un gouvernement de droite dure, on
s’inquiète de la politique du logement qui va être définie, avec en ligne de fond
l’austérité budgétaire », s’inquiète Eddie Jacquemart, président de la Confédération
nationale du logement (CNL).
Seule lueur d’espoir, la nomination de la nouvelle ministre du Logement et de la
rénovation urbaine, Valérie Létard, « quelqu’un de terrain et qui a une fibre sociale, et
que je connais pour avoir déjà partagé avec elle des analyses sur ce sujet. Ce que
j’espère, c’est qu’elle ne prendra pas la succession de Kasbarian, et qu’elle sera bel
et bien la digne successeur de Jean-Louis Borloo, puisqu’elle est de Valenciennes
comme lui », commente-t-il.
Un hold-up en règle contre le parc social
Alors pour marteler les urgences en matière de parc social, la CNL a lancé une
pétition, le 16 septembre dernier, pour demander le gel des loyers dans le parc social
et la construction de logements sociaux. Huit jours plus tard, la pétition avait déjà
recueilli 28 000 signatures.
Le président de la CNL profitera aussi de la tribune qui lui sera donnée lors du
congrès HLM, qui débute demain, pour égrener les propositions qu’ils feront à la
nouvelle ministre. « On va demander qu’elle jette à la poubelle la loi Kasbarian 2, qui
détricote la loi SRU. Il faut que les maires continuent à construire des logements
sociaux. Aussi on va lui proposer de rendre inéligible les maires qui ne respectent
pas la loi SRU. »
Et ce n’est pas tout. « On demande aussi la suppression de la RLS (réduction de loyer
de solidarité), cette soi-disant aide au logement mise en place depuis 2018 à
destination des foyers les plus précaires, qui est en fait un impôt sur les bailleurs
sociaux, avec une ponction annuelle sur eux de 1,3 milliard d’euros, soit près de
10 milliards à aujourd’hui qui auraient pu être consacrés à la construction et à la
rénovation de logements sociaux », s’agace-t-il.
« 900 000 personnes sont en retard sur le paiement de leur loyer »
Troisième et dernière demande : le gel des loyers. Si l’augmentation fixée pour les
loyers au 1er janvier 2025 est appliquée, celle-ci sera de l’ordre de 10 % pour les
locataires. Ahurissant dans un contexte de hausse des charges locatives liée aux
factures d’électricité et de gaz. « 900 000 personnes sont en retard sur le paiement de
leur loyer dans le parc social. Avec l’augmentation du loyer programmée, ce chiffre
va exploser », s’attend Eddie Jacquemart.
Une fois encore, la rentrée de la CNL sera offensive. Pas le choix en temps de crise
et de grande précarité d’une population déjà mise à mal. Et qu’on ne lui parle pas
des contraintes budgétaires, car « ce n’est pas le problème des gens. Leur problème,
c’est se loger ». Ce qu’il attend du congrès ? Que les fédérations de bailleurs soit aux
côtés de la CNL pour exiger de véritables mesures sur le logement social et pour dire
d’une même voix : « La RLS, on n’en veut plus. » Pas gagné.